Le graff, a cool urban art

INTRODUCTION

Qui n’a jamais croisé au coin d’une rue un nom marqué au feutre, un symbole à la va vite voire un coup de bombe de peinture transformé en fresque énorme ? Le graffiti est partout et dans le monde entier. Il a pris sa place depuis maintenant plus d’une soixantaine d’années dans nos villes, nos gares et autres squats. Cependant il existe depuis plus longtemps que ça, de par les premières peintures rupestres sur les murs aux temps romains.

Utilisé pour dénoncer, choquer mais aussi répandre des signes de paix, le graffiti à plusieurs buts selon son protagoniste et selon les époques. Il a beaucoup été utilisé pour faire passer des messages pendant les tensions politiques ou lors d’événements historiques.

Le graffiti a pris un tournant dans les années 60 avec l’arrivée de la bombe aérosol très pratique techniquement parlant.

La ville de New-York a été un précurseur des graffitis que l’on connaît aujourd’hui, prenant place dans les rames de métros ou sur les wagons. D’abord plus connu sous la forme de signature qu’on pourrait appeler “tags”, la typographie a commencé à prendre de l’ampleur pour faire place à des visuels beaucoup plus travaillés avec de la couleur. Une communauté se forme, jusqu’à établir des crews de graffeurs.

Il est devenu un art à part entière plus récemment, mais qui reste la plupart du temps totalement illégale. Au départ, les artistes peignaient sur des wagons par pur vandalisme ou marquage de territoire. Ils arrivent maintenant à exposer dans les musées de villes du monde entier avec des œuvres coûtant des milliers d’euros. 

LE BUBBLE STYLE

Le style de graffiti Bubble se détermine par du lettrage : lettres de formes arrondis et très serrées. Les graffitis sont souvent de couleur unie, un remplissage à la peinture avec un contour pour accentuer la lettre. Le but est d’avoir un graffiti homogène avec des lettres très courbées et tout de même lisible.  C’est un style très réputé pour les débutants car facile à créer à la bombe. De plus, il est assez rapide à réaliser. L’art du bubble se trouve dans l’enchaînement et la répétition entre chaque lettre.

Le bubble style pourrait aussi s’appeler  « Throw-ups » ou « Flop ». C’est plus ou moins un mélange de style, différentes façons d’utiliser ces lettres arrondies. Un style utilisé d’abord pour apporter plus de visibilité au dessin. En effet, les graffeurs réalisaient plus rapidement leurs visuels sur n’importe quel support, n’importe quel endroit, de façon « bâclée ». Les dessins étaient surtout plus imposants avec un remplissage d’une seule couleur ainsi qu’un contour, ce qui permettait d’être lu de beaucoup plus loin. On a commencé à les nommer « les vomissements » (throw-ups en anglais) dues aux coulures et à l’aspect un peu moins soigné, moins beau que d’autres pièces plus travaillées.  Il est alors plus intéressant dans ce style de jouer sur la quantité de « throw-ups » comme un livre des records, plutôt que de s’attarder sur l’aspect qualitatif du graffiti. On l’associe surtout à une signature de l’artiste, reconnaissable par tous.

L’artiste Phase 2 (de son vrai nom Michael Lawrence Marrow) serait un précurseur du style Bubble. Originaire du Bronx, il a commencé à graffer dans les années 1970 et commence à établir ce nouveau style en 1972. Un style dont bien du monde se serait inspiré par la suite. Il a de plus créer des variantes comme « bubble cloud » ou « bubble drip ».

De nos jours, le style bubble est l’un des plus communs et les plus vus. Bon nombre d’artistes se sont emparés de ce style en le déclinant à leur manière. On peut parler du graffeur Seen par exemple, new-yorkais lui aussi surnommé comme le Godfather of Graffiti. Il va apposer ses throw-ups sur des wagons entiers à partir des années 70 avec son crew nommé United Artists (UA). Il est reconnu aujourd’hui pour vendre bon nombre de ses toiles et a même ouvert un salon de tatouage pour continuer son art mais sur un support bien différent.

Le bubble se décline à l’infini. On pourra noter aussi l’artiste toulousain Tilt, graffeur depuis les années 80, issu du milieu du skate-board. Lui commença comme tout le monde avec des throw-ups sur des trains, des tags dans des squats. Il expose dans des galeries, des musées comme le Musée d’art contemporain les Abattoirs de Toulouse. Aujourd’hui, Il met le style du bubble au goût du jour, en se servant de ces lettres arrondis pour créer un graffiti plus significatif (objets du quotidien, personnages de pop culture.. etc), toujours dans des couleurs pop et flash.

LE WILDSTYLE

Le wildstyle est la discipline reine du graffiti, ce style trouve son origine dans le New-York des années 70 plus précisément dans le Bronx. Le premier graffeur à avoir popularisé ce style est : TRACY 168

Ce style se définit grâce notamment à sa complexité de lecture. En effet un œil non initié aurait du mal à déchiffrer un graffiti en wildstyle ce qui en fait, pour certain, un style élitiste, de plus ce style est très complexe et exigeant il demande beaucoup de technique et d’entrainement. On reconnaît facilement le wildstyle grâce à son lettrage complexe avec des lettres entremêlées, fusionnées et extravagantes.

Le phénomène Wildstyle ne va pas tarder à traverser les frontières et arriver en Europe.
Avec le temps le style s’est diversifié, restant dans sa ligne directrice élitiste, le style c’est complexifier grâce à de nombreuses technique comme la 3d les illusions optiques ou encore des formes qui rajoute de la complexité de lecture comme des flèches, des pointes, etc…. Aujourd’hui, on retrouve beaucoup de graffiti dans ce style sur les plus grands spots de graffs en Europe et partout ailleurs dans le monde.

Le Wildstyle est un des styles pionnier du street art et reste pour beaucoup l’un des styles les plus appréciés des puristes.

L’IGNORANT STYLE

L’ignorant style est un des « mouvements » les moins connus dans l’art du graffiti, la raison est que l’on peut souvent passer à côté de ses œuvres car elles semblent banales voire moches pour certaines personnes. Il est né il y a une vingtaine d’années dans les rues Parisiennes pour la France car l’ignorant style a connu différentes émergences aux quatre coins du globe ; aux États-Unis il est notamment apparu avec les gangs qui taggaient pour affirmer leurs territoires.

 

Ce sont des lettrages et dessins rapides qui visent à affirmer une appartenance, nous pouvons comparer ce phénomène à une forme de propagande. Bien que ce mouvement ne soit pas très connu, ce n’est pas pour autant que ce courant n’est pas important. En effet il est caractéristique d’une grande liberté graphique. L’ignorant style s’inscrit dans la violence de la rue, c’est pour cela que les œuvres sont souvent créées de façon clandestine sur des trains, métros et autres supports illégaux. On retrouve beaucoup de lettrage souvent très cubique avec une certaine irrégularité dans les lettres ainsi que des dessins souvent très brut composés de lignes fortes, on ne recherche pas le réalisme ou l’esthétique. On a souvent comparé ce mouvement à des « dessins d’enfants » tant ses formes sont brutes. 

Bien que ce courant soit né dans la rue, ce n’est pas pour autant qu’il y est resté, en effet, certains l’ont dans la peau de façons littérale puisque certains artistes comme Fuzi UV TPK sont passés de la bombe à l’aiguille. Fuzi est un des pionniers et maître reconnu de l’ignorant, il a commencé par le graffiti et a peu à peu fait évoluer son art vers le tatouage. En effet, l’ignorant a connu un énorme boom au point que cette esthétique entre peu à peu dans les mœurs et devient de plus en plus commune en témoigne l’agenda surchargé de Fuzi.

L’ignorant style a eu et a encore le mérite de nous proposer des nouvelles formes d’esthétiques loin de l’imagerie très souvent travaillée et léchée que nous propose en général internet et autres médias. Il a largement contribué à montrer une nouvelle forme de liberté graphique dans laquelle se nourrissent nombre d’artistes.

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