Garfield

Garfield. Le célèbre chat bedonnant détestant les lundis et dont la gourmandise n’a d’égal que la paresse et le sens du sarcasme. Je ne vous ferai pas l’affront d’introduire cet ouvrage « par « Sans doute connaissez-vous Garfield ».

Non. Vous connaissez Garfield, c’est une évidence. Depuis sa création dans les années 1970, Garfield a su conquérir la planète et s’immiscer dans le quotidien des habitants de nombreux pays, jusqu’à faire partie intégrante du paysage culturel mondial.

Plus curieux, ces dernières années ont vu fleurir un nombre croissant de détournements pour le moins étonnants de Garfield. Peut-être en avez-vous déjà croisé un au détour d’un site web, pour peu que vous ayez vos habitudes dans les bons cercles. Monstrueux, horrifiques et existentiels, ces derniers dénotent particulièrement avec le matériau d’origine. Et si les parodies visant à rendre des personnages innocents sombres et effrayants ne sont pas chose nouvelle, celles-ci sont différentes. Plus nombreuses ? Absolument. Plus coordonnées ? Assurément. Plus … Travaillées, émotionnellement chargées, intenses ?

Oui, mais enfin diable, pourquoi Garfield ? Qu’est-ce que ce chat orange amateur de cuisine italienne peut bien avoir fait à tous ces gens pour qu’ils se regroupent ainsi et le caricature d’une manière si particulière avec une consistance frôlant l’obsession ?

Une accession à l’omniprésence : Le chemin de Garfield vers la popularité.

Garfield et son univers sont finement ouvragés, bien plus qu’il ne semblerait de prime abord. Fruit de la volonté de son créateur Jim Davis d’un jour écrire la blague qui ferait « rire le monde entier », il a donc été calculé pour être le moins clivant, le moins politique, le plus identifiable, le moins pénible, en somme le plus universel.

Le caractère indépendant et en retrait des chats rends si facile l’application de pensées et d’émotions humaines sur ces derniers ; le côté cynique, égoïste et dans tous les excès de Garfield font de lui l’image parfaite de ce qu’au fond nous souhaiterions ; et les graphismes colorés, cartoon et étonnements répétitifs des strips font pénétrer profondément les visuels des personnages et de l’univers dans notre esprit dès la première lecture, les transformants en motifs indélébiles au cœur de notre psyché.

Jim Davis à su mettre ses talents en art et en marketing pour faire aimer sa création à toute la planète, et aujourd’hui, l’empire Garfield est là pour rester.

L’abominable métamorphose : internet transmuant Garfield

Mais il semblerait que pour certains, Garfield n’était pas assez. Que les internautes, dans la débauche de créativité que permets Internet via son anonymat, sa mise en relation de personne qui n’auraient pu se rencontrer dans la vraie vie, ou l’exposition à autant de contenus variés qu’il offre, ont offerts à Garfield une nouvelle facette.

Qu’ont-ils perçu en Garfield ? Est-ce une peur face aux défauts cathartiques et assumés de Garfield, perçu comme une figure d’ogre cessant d’être antagoniste ? Un dégoût vis-à-vis de l’absence absolue de prise de risque et de parti pris de la bande dessinée ? Une angoisse face à ce monolithe de papier n’ayant pas changé en plus de quarante ans, répétant les mêmes traits de personnages n’ayant pas évolué ? Juste une expérimentation artistique étonnante, du fun ne nécessitant pas de raison ? C’est tout ça, bien sûr. Et l’enthousiasme amusé de Jim Davis pour le détournement et la parodie de ses œuvres a bien entendu encouragé des artistes n’étant pas menacés par la menace comminatoire d’une armée d’avocats.

Au fond, Garfield, c’est à la fois celui qu’on aimerait être tout en sachant que ce n’est pas le cas. Garfield, c’est l’ennui de l’éternité et le confort de celle-ci. Garfield, c’est parler pour ne rien dire et pourtant montrer tant de nous et notre monde. C’est le calme et la tempête.

Au fond, Garfield, c’est une BD sympa.

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