Wax et tissages d’Afrique sous toutes leurs coutures

COMMENT LE WAX ET LES AUTRES TISSAGES AFRICAINS DÉTERMINENT TOUTE UNE IDENTITÉ ?

Lorsqu’on se plonge dans l’histoire des tissus africains, on découvre un univers fascinant, mais également assez complexe. C’est une histoire de territoires, de guerres, de religions, de cultures, de symboles et de colonisations.

On a d’un côté les textiles traditionnels africains (kenté, le bogolan malien, le Faso dan fani, ndop, …) et de l’autre le « wax africain ». On pourrait plutôt parler de, wax hollandais (et un peu Javanais, mais il faudra attendre pour en savoir plus). Mais est-ce vraiment important ? Dans l’imaginaire collectif, le wax s’est imposé comme le plus africain des tissus. Mais pourquoi est-il mis sur un piédestal ? Est-ce que se sont ses motifs décalés, ses couleurs vibrantes ou ses origines métissées qui font la particularité du wax ? Si en Afrique l’usage d’un tissu est intrinsèquement lié à sa symbolique, alors on peut se demander quelle est la signification du wax dans l’identité africaine. Aujourd’hui, les tissus africains -notamment le wax- sont partout, les plus grands stylistes s’en inspirent, les stars du monde entier se les arrachent.

Les textiles d’Afrique ne font pas que relater son histoire, mais indirectement ils la façonnent et témoignent des différentes évolutions d’une société, de ses cultures et ainsi de l’identité des individus qui la compose.

L’IMPOSTEUR

Communément appelé « tissu africain » le wax est en réalité un tissu des Pays-Bas, inspiré de la méthode de teinture indonésienne du batik. Son histoire remonte à la colonisation de l’Asie du Sud-Est par les Néerlandais et les Anglais, ces derniers créent la technique d’impression industrielle qu’ils appellent « wax », avec l’objectif de concurrencer les petits producteurs de batik Javanais. Les locaux rejettent ce produit Européen. Les colons finissent ainsi par se tourner vers les pays d’Afrique et plus précisément le Ghana, pour commercialiser le wax. Très vite, ce tissu destiné à l’élite africaine conquiert le reste du continent. Au fil du temps, des usines africaines se créent et sont aussi tôt rachetées par les grands industriels européens.

Exposition 170 ans de création Vlisco, Designer par Michiel Schuurman, Helmund Museum 2016

POLÉMIQUES

L’arrivée du Wax n’a pas seulement provoqué une dépendance économique des africains sur ce marché mais également contribué la remise en question de toute une identité culturelle.

Aujourd’hui, ce qui pose réellement problème, ce n’est pas l’existence du wax en soi, mais plutôt les stratégies industrielles déloyales de la part de la concurrence chinoise.  Ces tissus reprennent souvent juste les imprimés du wax africain ou européen sans en appliquer le procédé de fabrication ou alors utilisent des matières premières de très mauvaise qualité. Le public non averti peut associer l’image de la production africaine à des articles de mauvaise qualité et s’en faire une fausse idée.

RÉ-APPROPRIATION

Si l’on veut que la filière textile africaine soit prospère il faut commencer par éduquer ceux qui, en ligne de front, véhiculent l’image de ces textiles au reste du monde. Les afro-descendants, les diasporas, les stylistes, artistes et écrivains contemporains sont les premiers concernés. C’est en informant, en éduquant et en rendant visible les vrais imprimés d’Afrique que le public pourra saisir toute la dimension culturelle, identitaire et émotionnelle que représentent ces symboles. Ainsi, ils pourront faire des choix de consommation de manière éclairée et en toute conscience.

Si aujourd’hui l’identité africaine est si forte et identifiable, c’est justement parce qu’elle se renouvelle, enrichie par les différentes vagues de colonisation, d’échanges culturels et également parce qu’elle est constamment remise en question. De ce fait, le wax par son histoire s’inscrit constamment dans ce processus de réappropriation culturelle.

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