Toulouse, la ville rose, lieu empli de culture artistique, c’est ici que la pétillante Morgane Comte a décidé de s’installer et de créer son concept store salon de thé boutique artistique. En effet, Morgane a constaté un certain désintérêt de la population toulousaine pour l’art et l’artisanat et c’est avec l’idée en tête de remédier à ce désintérêt qu’elle a créé Art Tea Shop.
Dans cet article nous aurons en premier lieu une présentation de la boutique et de sa créatrice, nous continueront sur une partie interview de Morgane Comte qui nous a accueilli chaleureusement à Art Tea Shop et qui a bien voulu répondre à nos questions et enfin nous terminerons par une partie sur la sélection des artistes en collaboration qui pourra intéresser certains d’entre vous.
Art Tea Shop, un concept innovant, convivial et social
Salon de thé boutique artistique à Toulouse situé au 37 rue des lois ouvert du mardi au samedi de 10h à 19h. Mais ce n’est pas un salon de thé ordinaire puisqu’en effet on peut y retrouver de la restauration rapide maison le midi, pâtisserie maison pour le salon de thé et nous avons aussi la possibilité de repartir avec les créations des artistes (le mobilier, la vaisselle, les objets, les tableaux, les luminaires etc). Ce salon de thé propose également différents types d’ateliers (culturels, divers, créatifs etc).
Le but de concept store est vraiment de mettre en avant la création, la découverte, le partage à travers un lieu convivial.
Morgane Comte, la fondatrice d’Art Tea Shop
Il y a 2 ans à peine, elle était encore femme de chambre dans un hôtel. La jeune entrepreneuse en a fait du chemin puisqu’il lui aura fallu plusieurs années de détermination et de travail pour créer son fabuleux projet de l’Art Tea Shop !
Devenue fondatrice à 25 ans (aujourd’hui 28 ans), après 7 ans d’expérience professionnelle en hôtellerie restauration, dans le social, la vente et un bénévolat dans son pays natal, Madagascar, elle a décidé de tout arrêter afin d’optimiser son temps à faire ce qu’elle voulait vraiment.
Morgane comte a tout appris seule grâce à sa volonté d’aller au bout de ses rêves et son envie de réussir dans ce qu’elle avait décidé d’entreprendre. Elle met un point d’honneur à s’occuper de tout toute seule (fondatrice, manager, politique commerciale, marketing, rh, décoration, recrutement des artistes etc).
Afin de lui permettre de se révéler, elle s’est associée à Clément Hermet dans l’aventure de l’entrepreneuriat pour qu’il puisse exercer sa passion pour la cuisine.
Morgane Comte a déjà reçu le trophée de la diversité 2019 en tant que fondatrice pour son commerce solidaire Art Tea Shop par la Mairie de Toulouse.
Elle a également obtenu le 2ème prix OCCISTART commerce de proximité 2019 au concours Tudigo.
“Dans la vie, tout est possible à qui s’en donne les moyens”
L’interview de Morgane Comte
Nous sommes allés à la rencontre de Morgane directement à Art Tea Shop afin de lui poser quelques questions
Quelle relation avez-vous avec l’art ?
« Pour moi, un artiste ce n’est pas forcément quelqu’un qui crée, c’est un état d’esprit. On peut créer dans plein de situations, même dans la vie professionnelle, sans forcément devoir montrer des choses tandis que la créativité c’est quelque chose qu’on a en nous ou pas. Je me suis toujours sentie créative dans ma vie, je peins, je crée pas mal de petites choses comme des mobiles par exemple et de manière vraiment très personnelle. Et puis, j’ai toujours eu le goût du beau, de la décoration, et c’est d’ailleurs ce qui m’a amenée à travailler dans des établissements avec un certain niveau d’exigences. Moi j’ai besoin de ça, quand j’ai besoin de forces, quand j’ai besoin de puiser de l’énergie, je me rattache à l’art, j’ai besoin de vivre entourée d’art, vraiment. J’aime ça tout simplement, et pour Art Tea Shop je voulais mêler mes passions artistiques c’est pour ça que j’ai choisi de mettre une partie artistique au coeur de ma boutique. »
Quel est le profil des artistes que vous exposez ?
« Moi je ne travaille qu’avec des professionnels donc des personnes qui sont déclarées et qui ont au moins un site internet ou une présence en ligne pour que je puisse rediriger mes clients vers leurs travaux, c’est aussi devenu un critère obligatoire. Je cherche également à travailler avec des personnes qui ont déjà fait un travail sur leur identité de marque et qui sont allés au bout de leur démarche.
Ensuite, chez Art Tea Shop il y a vraiment un univers, c’est un projet très personnel où je fais tout à mon goût, c’est mon univers. C’est vrai que je valorise plutôt les créations colorées et atypiques. J’aime aussi le style très authentique, naturel et j’adore quand il y a un travail sur la matière première brute et qu’on peut voir l’imperfection. En terme d’univers, j’aime beaucoup tout ce qui est lié à la nature : le floral, le végétal, les nuages, la forêt etc.
C’est vrai que je ne cherche pas à représenter des œuvres très épurées ou torturé parce que cela ne correspond pas à l’univers d’Art Tea Shop. Je veux créer une ambiance dans laquelle mes clients se sentent bien, un esprit cocooning, maison, traditionnel, authentique et je suis très sélective pour garder cet univers là. Pour finir, c’est vrai que je préfère travailler avec des artistes locaux en Occitanie même si je suis quand même ouverte au reste de la France. »
Quelle est l’importance d’une structure comme ATS dans le développement des artistes ?
« Une structure comme Art Tea Shop aide les artistes à se développer en leur permettant déjà de rejoindre un concept nouveau, dynamique et innovant à Toulouse. C’est un concept qui est à la fois économique et social, c’était d’ailleurs le titre du premier magazine Art Tea Shop : en quoi un commerce de proximité a-t-il un rôle social à tenir sur son territoire. Tout le monde le sait, aujourd’hui un commerce de proximité ce n’est pas simplement un commerce pour vendre c’est bien au-delà de ça. Je pense que pour un artiste, rejoindre Art Tea Shop ça lui permet déjà d’avoir une certaine visibilité sur les réseaux et sur place puisqu’on commence à avoir une certaine notoriété, on a été beaucoup encouragés par la ville de Toulouse qui nous a déjà remis plusieurs prix. Je pense que ce qui est intéressant aussi c’est de pouvoir se situer dans son parcours professionnel et avoir des retours clients qui permettent d’ajuster nos produits en fonction de la demande. Ça m’est arrivé par exemple d’exposer des œuvres qui étaient très appréciées des clients mais pour autant personne ne les achetait. Lorsqu’on leur demandait qu’elle en était la raison, la réponse était “J’aime beaucoup mais je ne saurai pas quoi en faire.
Je serais plus preneur(se) d’objets utilitaires comme des bols, des tasses ou des objets du quotidien”. Grâce à ces retours, l’artiste a pu adapter ses œuvres et progresser dans son offre et moi ça me permet aussi d’améliorer ma sélection. J’aime beaucoup ce type de partenariats.
Pour résumer, je dirais qu’Art Tea Shop apporte aux créateurs de la visibilité et de la notoriété mais aussi de la crédibilité. »
Comment être exposé chez Art Tea Shop ?
« Les tous premiers critères sur lesquels je ne démords pas c’est le fait d’être immatriculé et le fait d’avoir au moins, à minima, une présence en ligne que ce soit un site internet ou des réseaux sociaux. Il faut aussi me montrer qu’il y a eu un réel travail de positionnement, moi aujourd’hui je ne travaille plus du tout avec des personnes qui attendent tout de la boutique, je suis là pour soutenir quelque chose et mettre en lumière le travail des gens.
C’est vrai que j’aime aussi travailler avec des artistes qui s’intéressent à ce que je fais parce que je reçois beaucoup de candidatures de personnes intéressées dans le mauvais sens du terme et ça se ressent tout de suite. Parfois, je reçois des candidatures où à aucun moment on me vend son travail et on ne me montre pas en quoi il pourrait correspondre à l’univers de ma boutique. Ce que je recherche aujourd’hui ce n’est pas simplement montrer des œuvres mais vraiment travailler en collaboration avec des partenaires. »
Comment Art Tea Shop soutient les artistes en période de crise ?
« C’est une très bonne question parce que ça a été une grande réflexion pour moi. Quand le premier confinement est tombé, il faut savoir qu’Art Tea Shop avait ouvert depuis même pas 5 mois. Il faut savoir que quand on a un concept pluridisciplinaire, il y a un secteur d’activité au-dessus de l’autre et je ne l’ai jamais caché, chez Art Tea Shop, l’activité principale c’est la restauration rapide : c’est ce qui me fait le plus de chiffre d’affaires et c’est ce qui fait venir les clients. La partie artistique fait bien-sûr partie d’Art Tea Shop mais elle reste quand même secondaire en termes de rentabilité. C’était la deuxième rotation artistique, et il est venu le moment où j’ai dû choisir : est-ce que je sauve mon restaurant ou est-ce que je soutiens les artistes ? Finalement, j’ai tout donné pour soutenir les artistes et j’ai décidé de créer le premier magazine Art Tea Shop qui fait à peu près 45 pages dans lesquelles j’ai mis à l’honneur les artistes en leur dédiant des doubles pages complètes, mais j’ai été très déçue puisqu’ils n’ont pas tellement partagé ce magazine. Je leur en ai fait part et j’ai agi en conséquence pour le deuxième confinement.
Ce qui m’a vraiment guidée c’est qu’il y avait une bonne entente avec les nouveaux partenaires, j’avais vraiment envie de les soutenir donc ce que j’ai décidé de faire c’est d’organiser des lives pendant lesquels je leur ai donné la parole sur ma communauté. Ensuite, j’ai aussi sorti la boutique en ligne sur www.art-teashop.com qui était censée n’ouvrir que dans 2 ans. À ce moment-là, les restaurants pouvaient rester ouverts pour la vente à emporter, moi par exemple j’ai décidé d’ouvrir à la période de Noël pour justement booster la partie vente de créations artistiques, et ça a super bien marché malgré la crise économique. En revanche, quand on a rouvert en janvier on s’est rendu compte qu’on était perdants à avoir un concept pluridisciplinaire et à vendre des créations artistiques parce que tout ce qu’on a gagné en vendant des créations artistiques a été déduit de l’aide de l’Etat dont on bénéficiait pour soutenir la vente alimentaire à emporter. En terme financier je dirais qu’on a plus soutenu les artistes que soutenu nous-même notre entreprise. »
Comment chacun de nous peut soutenir les artistes actuellement ?
« Après, beaucoup de créateurs vendent leurs produits en ligne. Il est aussi possible aujourd’hui de soutenir les artistes sans dépenser tout simplement en partageant leurs pages sur les réseaux sociaux, en s’abonnant, en likant des publications. Sur Facebook par exemple, le simple fait de commenter un post ou de le partager, ça permet à notre propre réseau de voir avec qui on interagit et donc de soutenir à petite échelle. Ce n’est pas grand-chose mais ça aide vraiment. »
Le mot de la fin
« Moi j’aime beaucoup mon métier, j’aime beaucoup mon travail, tout va bien je fais ce que j’ai toujours voulu faire donc je suis très contente même si ce n’est que le début et qu’il y a beaucoup de choses après de prévues… Plus j’évolue dans la partie artistique plus je souhaite travailler avec des partenaires qui sont en cohésion avec ce que je veux faire et ce que je suis. Je reçois énormément de candidatures de gens intéressés, quand on travaille et qu’on veut travailler avec les personnes – moi c’est comme ça que je me positionne avec tout le monde – déjà je m’intéresse à un concept à une personne, si on travaille ensemble tant mieux, si on ne travaille pas ensemble tant pis mais je m’intéresse à ce que les gens font.»
Merci à Morgane de nous avoir accordé un peu de son temps pour cet article qui a été réalisé par Camille Darcy, Salomé Soulié et Yannis Helmer.