La sexualité dans les médias

La sexualité, l’obsession générale

« Annie aime les sucettes, les sucettes à l’anis.
Les sucettes à l’anis d’Annie donnent à ses baisers un goût anisé.
Lorsque le sucre d’orge, parfumé à l’anis, coule dans la gorge d’Annie, elle est au paradis.
Pour quelques pennies, Annie a ses sucettes à l’anis. »

Dans sa chanson, Les Sucettes, France Gall interprète en 1966 un texte écrit par Serge Gainsbourg. Implicitement sexuelle, cette chanson est assumée par l’auteur. Il s’agit bien d’une métaphore polysémique de la fellation représentée par la consommation d’une sucette. À cette époque France Gall n’a que 19 ans, la majorité étant à 21 ans, elle est par conséquent mineure. Sa naïveté sera démontrée lors d’interviews où, même après avoir interprété cette chanson, elle n’en comprendra toujours pas le double sens. Vécu comme une véritable manipulation de la part de Gainsbourg, France Gall ne voudra plus jamais l’interpréter.

La sexualité est un vecteur d’expression, qui ne cesse d’affoler l’opinion publique, passant de la censure à l’adulation, du bannissement à la vénération, de la proscription à l’adoration. La période contemporaine est dans le tourment de ces deux extrêmes sur de nombreux sujets en lien avec la sexualité. Un débat qui reste encore aujourd’hui sans fin et sans limite où chacun impose son point de vue comme une vérité universelle.

La relation entre la sexualité et les médias a toujours encouragé ma curiosité. Lorsqu’un clip vidéo ou un livre possède une connotation sexuelle, deux camps se forment : ceux qui adorent et ceux qui bannissent. Qu’importe la forme que l’on donne à la sexualité, elle va systématiquement diviser la population. L’ignorance que l’on porte sur l’histoire de la sexualité a toujours eu des conséquences sur nos sociétés et nos mœurs, parfois dramatiques, parfois révolutionnaires. Il y a un nombre infini de façons d’interpréter, de représenter ou de pratiquer la sexualité.

En effet, il est surprenant de constater que l’engouement qu’ont les êtres humains pour le sexe dépasse souvent la rationalité. Les sociétés vont modeler, tout au long des siècles, des règles sur les façons d’utiliser et d’aborder au quotidien la sexualité, sculptée à travers des civilisations portées par de nombreuses religions qui influeront directement notre époque. La sexualité n’aura jamais été aussi importante que dans nos sociétés actuelles.

Inceste, viol, consentement, contraception, syndrome prémenstruel, protection menstruelle, plaisir, clitoris, tétons, agression sexuelle, harcèlement sexuel, pornographie, grossesse, violence conjugale, tous ses sujets sont étudiés, critiqués et débattus sur les réseaux sociaux dans le monde entier par des centaines de milliers de personnes. Ces sujets prennent de l’ampleur au point qu’ils en deviennent les sujets préférés des chaînes de télévision. Reportages, émissions, journaux télévisés, séries, films, musiques, chacun se calque sur ce phénomène qui fait énormément d’audience. En janvier 2021, la population mondiale est de 7,83 milliards d’individus, 66.6% de ces individus utilisent un téléphone portable et 53,6% utilisent activement les réseaux sociaux, ce qui représente 4.20 milliards de personnes. Cette analyse publiée par We Are Social et Hootsuite démontre que plus de la moitié de la population utilise les réseaux sociaux pour communiquer. Ce qui explique le taux d’engouement lors de certains scandales sur Twitter, puisqu’à lui seul, il compte 353 millions d’utilisateurs actifs sur la plateforme. La révolution numérique joue un rôle de justice publique où tout le monde peut de façon anonyme donner son avis. Il en est de même pour les sujets tabous tels que la sexualité.

À travers ce mémoire j’ai souhaité comprendre pourquoi la sexualité rend les gens si extrêmes. Que ce soit pour l’adorer ou la proscrire, la sexualité est l’un des sujets les plus controversés de l’humanité. Elle révolutionne, elle frustre, elle fascine. Grâce à de nombreux médias, j’ai pu étudier la question et ainsi prendre du recul sur ce sujet d’actualité afin d’en trouver un possible équilibre. Je me suis donc posé cette question : Comment la sexualité gravite-t-elle entre proscription et adoration à travers les médias ?

Un héritage gangrénant notre époque

Dans un premier temps, il a fallu déterminer l’étymologie et l’origine même de l’adoration et de la proscription. Cette étape a permis de mieux connaître le cheminement de l’histoire à travers ces deux termes et l’importance qu’ils ont eu dans l’évolution des civilisations jusqu’à celles que l’on connaît aujourd’hui.

Ensuite, grâce aux nombreux·ses artistes et œuvres qu’il a été possible de récolter sur le sujet, il a été possible de déterminer la réelle motivation qui a poussé la sexualité à être à la fois taboue et omniprésente dans de nombreuses sociétés. Hier la norme d’une base de vie saine à travers de nombreux ouvrages comme le Kamasutra ou les récits mythologiques s’orientent vers une sexualité fondée sur le désir et les fantasmes mais n’inclut pas les limites que nous connaissons aujourd’hui. C’est l’homme qui à travers des lois va petit à petit restreindre ces coutumes et les limiter à la procréation. Le monothéisme va réécrire l’histoire, ainsi va se former un fossé entre la femme et l’homme qui sera de plus en plus profond.

Les médias ont joué un très grand rôle dans cette histoire. Puisqu’ils ont été l’intermédiaire entre les dominants et les dominé·e·s notamment pour des raisons économiques, les dominants étant pour la plupart des intellectuels phallocrates.

La colonisation de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique a permis de propager leurs doctrines inébranlables. Depuis le XXe siècle, la technologie évoluant à une allure toujours plus rapide, rendant l’information plus accessible que jamais permet aux débats de se multiplier, aux questionnements de se poser de plus en plus fort et l’héritage patriarcal imposé d’être remis en cause.

A partir de ce constat, j’ai pu en déduire que les médias ont pendant longtemps participé à faire vivre cet héritage toxique, inculquant sur de nombreuses générations des valeurs qui étaient devenues logiques autant que rabachées.

Aujourd’hui, les médias servent aussi à faire progresser le féminisme et l’inclusion entre les individus, celles et ceux qui ont pour la majorité été considérés comme des minorités à tort. Nous pourrions alors nous demander comment la mixité pourrait prendre les devants et comment va-t-elle équilibrer les rapports de force entre les individus sans mettre en avant une domination par le sexe.

C’est avec cette ouverture que l’idée de mon projet m’est venue : Un Coup D’oeil, une série de vidéos traitant de la sexualité de façon inclusive et safe. 

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