Urbex en Occitanie

Une pratique artistique atypique

Même si l’urbex est une activité passionnante, elle représente des risques. En aucun cas nous ne vous encourageons à pratiquer l’urbex et nous vous rappelons que cette pratique comporte des risques à la fois physiques et pénal (en cas de violation de propriété privé).

Véritable phénomène, l’urbex a atteint une ampleur inespérée depuis quelques années. Aujourd’hui reconnue, l’exploration urbaine s’est construite à travers une communauté, ses légendes et ses règles.

Mais l’urbex est aussi une pratique artistique : plus qu’un effet de mode, c’est une philosophie où chacun à sa propre vision et l’applique lors de ses explorations. Nous avons voulu à travers cet article, vous présenter une mode qui met en avant des lieux à la fois beaux, tristes et effrayants. Nous avons réunis ici plusieurs photographies toutes de photographes aux styles très différents, qui vont illustrer et présenter des lieux urbex en Occitanie.

Nous tenons également à vous partager la vision d’un urbexer, sur ces lieux et leur côté artistique. Un grand merci à @robbin_urbx , qui a accepter d’échanger avec nous dans une interview.

Mais avant de commencer, l’urbex qu’est-ce que c’est ?

L’exploration urbaine, abrégé urbex (de l’anglais urban exploration), est une activité consistant à visiter des lieux construits et abandonnés par l’homme, mais cette pratique inclut également la visite de lieux interdits, cachés ou difficiles d’accès, tel que des tunnels de métro, des catacombes, des chantiers de constructions/rénovations et des rooftop (sommets d’immeubles, monuments…).

L’urbex apparaît en France à partir des années 80, par le bouche à oreille, notamment en région parisienne dans laquelle les aventuriers trouvent beaucoup de lieux propices à cette activité. Les amateurs ont commencé à s’intéresser à cette pratique pour découvrir l’histoire, prendre des photographies ou juste pour le frisson de découvrir un lieu où personne ne va. Néanmoins, depuis quelques années, des comptes dédiés à l’Urbex fleurissent sur les réseaux sociaux. Les jeunes suivent les aventures d’urbexers sur Instagram et Youtube, et se lancent dans la pratique pour imiter leurs influenceurs préférés.

Mais l’urbex se raconte également dans les livres. Timothy Hannem a publié un ouvrage rassemblant 35 expéditions urbaines en europe.

Malheureusement, ces pratiques ne sont pas sans danger : au delà de ce que l’on nous montre sur les réseaux sociaux, certains y ont déjà laissé la vie. Par exemple, en 2017, Maxime Sivurgue, alias Siirvge, un jeune homme de 18 ans est décédé lors d’une exploration à Lyon.

Pour consulter les risques de l’exploration urbaine, nous vous conseillons de visiter ce site

Les différents types d’urbex :

L’urbex est vaste et regroupe plusieurs types d’explorations. La cataphilie, d’abord, rassemble les adeptes des catacombes, de Paris à Naples, en passant par Rome. Autre type d’exploration, la toiturophilie. Comme son nom l’indique, il s’agit de l’exploration des toits. Surement la pratique la plus dangereuse de l’urbex, mais la plus intéressante pour les photographes urbains. Pour finir la pratique la plus répandue est d’explorer les bâtiments abandonnés. Nous trouvons même sur youtube des explorations de villes abandonnées, comme cette vidéo du bloggeur voyage @brunomaltor

© Photo @byhus.co

L’urbex et ses dérives

Si l’activité a d’abord débuté par le bouche-à-oreilles, c’est depuis la popularisation via YouTube notamment et des réseaux sociaux comme Instagram que l’urbex à connu ces premières dérives : vols, dégradations, etc. Certains propriétaires de monuments sont devenus très vigilants, protégeant les lieux par des chiens ou des vigiles. Comme à Notre-Dame de Paris, où des barbelés ont été installés pour empêcher les curieux de grimper sur les gargouilles.

L’exploration urbaine, un terrain de jeu pour les photographes modernes

Les lieux abandonnés offrent aux photographes des prises de vues plus que originales, et improbables. Ces photo urbaines sont l’objectif ultime des explorateurs, et ceux-ci prennent tous les risques pour réaliser le cliché parfait. (exemple : @clement.htr et @Paulrdb de la chaîne Youtube Hit the road) 

Concernant le matériel il vous faut être équipé d’un appareil photo reflex ou hybride. En effet, même si les smartphones offrent maintenant de grandes capacités photos, ils sont limités dans des conditions difficiles en terme de gestion de la dynamique ou de la gestion du bruit. Et de toute façon avec un smartphone nous n’aurez pas le plein contrôle de vos réglages et vous perdrez en plaisir. Un reflex sera donc l’appareil photo le plus approprié.

En terme d’objectifs, nous remarquons que la photographie Urbex est marquée par des codes très particuliers. L’objectif grand angle est le plus prisé des photographes urbex, pour prendre un cadre très large et inclure de nombreux éléments dans sa composition. Mais l’urbex ne se limite pas seulement aux vues réalisées au grand angle. L’objectif macro permet de mettre en avant un élément rencontré durant l’exploration. Pour finir, certains photographes urbex utilisent également un objectif fish-eye. Dans la même lignée que le grand angle, il offre une vue arrondie, comme à travers l’oeil d’un poisson. Cet objectif est moins recommandé car il déforme la photo.

Ensuite, un trépied vous sera souvent indispensable pour réaliser des poses longues lors d’un manque de lumière. Ainsi qu’une lampe de poche ou un panneau de lumière LED portable peuvent vous être utile pour éclairer une pièce. Évidemment, n’oublions pas qu’il vaut mieux vous équiper de plusieurs cartes mémoires et batteries

Concernant la retouche, « la plupart des urbexeurs utilisent le logiciel Lightroom », constate l’auteur de « Les secrets de la photo Urbex ».

Nous constatons également un style très marqué sur les réseaux sociaux des urbexers. Les photos sont désaturées et font exploser les détails avec de la clarté. Les photos sont également souvent sombres avec une balance des blancs froide, marquant l’ambiance des lieux. Pour la retouche photo Urbex, nous vous conseillons donc de diminuer les tons clairs, afin de récupérer des informations dans les hautes lumières, et de pousser la clarté !

Les lieux urbex en occitanie :

Nous avons sélectionné quelques lieux abandonné en Occitanie, afin de vous présenter leur histoire. Pour éviter toute dégradation de ceux-ci et pour des raisons évidentes de sécurité, nous avons tenus à ne donner aucune indications sur leur localisation. Ceux-ci sont des propriétés privées, il est donc illégal de s’y rendre. Malgré tout, si vous comptez visiter l’un d’entre eux, nous vous prions de ne pas détériorer la beauté du lieu.

© Photo @robbin_urbx

La cité universitaire

Commençons d’abord avec ce qui fut le premier restaurant universitaire de la ville rose. A la fin des années 90, le bâtiment sera déserté, puis définitivement fermé en 2001, après l’explosion d’AZF. Totalement vandalisée, cette ruine reste impressionnante par son architecture d’inspiration du Corbusier (Big up Robert-Louis Valle). Une masse de béton atypique qui fut désignée comme bâtiment exceptionnel du XXe siècle par la Drac. Cet ancien restaurant universitaire abandonné trône au milieu d’une résidence universitaire ainsi qu’un gymnase , le temps s’y est arrêté et la nature est devenue reine…

© Photo Marc Valadier

Le bateau pirate

Cet ancien galion espagnol situé dans la région toulousaine est en fait un restaurant abandonné par ses propriétaires à la fin des années 2010. Construit en 1979, ce bateau se situait sur l’Île au Galion qui jouxte le canal du midi. Le bateau était toujours en excellent état en 2016 mais n’existe plus aujourd’hui. Fortement apprécié par les explorateurs, de par son originalité et son parfait état, le bateau de pirate a attiré de nombreux photographes urbains de toute la France.

© Photo @byhus.co

Le lavoir à charbon

C’est le dernier lavoir à charbon encore debout en France, il est à l’abandon depuis 1997.

Le lavoir à charbon fut racheté par un homme d’affaire toulousain qui voulait reconvertir le site, pour le moment, le projet est à l’arrêt. Cet immense bâtiment fantôme sur 7 étages est vivement déconseillé car très pollué, et dans un état de délabrement très avancé. Malgré tout, il reste quand même très intéressant d’un point de vue photographique et offre une ambiance et un univers presque cinématographique.

© Photo Marc Valadier

Château Sedrati

Ce château de type néoclassique classé monument historique a été construit au début des années 1800 et se retrouve totalement abandonné depuis une dizaine d’années. Ce domaine viticole est renommé dans la région car un célèbre peintre a vécu ici pendant sa jeunesse où il a peint plusieurs de ses œuvres. Lors de la seconde guerre mondiale, le château devient un siège de l’armée allemande, quatre bunkers ont été creusés sous le parc pour l’occasion. Malgré le fait que le domaine soit racheté depuis des années, aucun projet ne vient réveiller ce château victime d’un vandalisme désastreux.

© Photo Marc Valadier

L’hôtel des soeurs Papin

Un des plus célèbre lieu urbex en Occitanie. Cet hôtel abandonné a été renommé par les Urbexers en référence à l’affaire des soeurs Papin, deux employées de maison, auteures d’un double meurtre sur leurs patronnes le 2 février 1933 au Mans.

L’hôtel, ancien centre d’Elf Aquitaine reconverti en hôtel restaurant, espace de congrès et séminaires a été mis en liquidation judiciaire en 2013 par le tribunal de commerce de Toulouse. 

L’hôtel avait été racheté plusieurs fois par des investisseurs, mais le dernier a investi beaucoup d’argent dans le marketing et le commercial au détriment de la rénovation du lieu. Il a donc fait faillite.

Malgré les histoires que certains sites Urbex peuvent raconter, aucun meurtre n’a été commis au sein de cet hôtel.

© Photo Marc Valadier

Soulades

Le Domaine des Soulades a été inauguré il y a maintenant une trentaine d’années. Ce projet avait été pensé et élaboré par le maire de l’époque, Robert Naudi. Cet endroit fut un vecteur important de création d’emplois et de tourisme.

Quelques années plus tard, une association dédiée à l’accueil de personnes handicapées devint les nouveaux propriétaires du site pendant quinze ans, avant d’être racheté en 2007 par la société Quiétude dans l’optique de développer ce village vacances en le mettant aux normes. Un rachat qui condamna le domaine à la mort. La société propriétaire des Soulades tomba en liquidation judiciaire ce qui stoppa immédiatement les travaux de réouverture du site. L’affaire fut traînée en justice par une partie des soixante-dix copropriétaires ayant perdus leur investissement, 71 logements sur 86 avait trouvé preneur depuis le projet de rénovation du domaine des Soulades.

Cet imbroglio judiciaire entraîna la chute du domaine, sa renaissance est une utopie quand déjà, en 2011, le coût de sauvetage était chiffré à 12 millions d’euros entre le rachat des logements et la rénovation.

© Photo Marc Valadier

Château de Valgros

Ce château, datant de la fin du XIXème siècle (1870), fut détruit par un incendie en octobre 2005. Ce fut le plus important incendie de ces vingt dernières années avec celui du monastère de Prouilhe en 1988.

Construit en 1870, le château appartenait à M. Fabre puis il a été la propriété de la famille Piquet jusqu’en 1987 où il a été vendu à une société hollandaise avec pour projet d’y aménager des appartements de luxe à louer, intégrant dans le parc un terrain de golf, des courts de tennis, une piscine, et même un terrain de football. 

Un appartement témoin avait été réalisé, mais cet aménagement est encore loin d’être terminé et personne ne semble y habiter. 

© Photo @paillettesetchampagne

Maison de retraite de Wysteria

Cette maison de retraite servait à la base d’unité d’hospitalisation consacrée au dépistage du cancer. Le domaine est abandonné depuis la fin des années 1970.

Dominé par de grands escaliers et au bord d’une forêt, la nature dissimule ce lieu. Lieu urbex très connu à Toulouse, cette maison a malheureusement était extrêmement dégradée. La maison a été depuis prise d’assaut par de nombreuses personnes pratiquant l’airsoft, rendant son accès d’autant plus dangereux pour les visiteurs.

© Photo Marc Valadier

L’aérium des enfants tristes 

Ce magnifique sanatorium a accueillis de nombreux enfants, des orphelins, mais surtout des enfants souffrant de la tuberculose. Il a ensuite été converti en un aérium, destiné à accueillir des enfants ou des adolescents, dans des conditions semblables aux colonies de vacances.

Un sanatorium est un établissement médical spécialisé dans le traitement des différentes formes de la tuberculose. Alors qu’un aérium est un établissement de repos au grand air pour les enfants. Celui-ci semble avoir été spécialisé dans le traitement de l’asthme. Les aériums étaient à la fois des centres médicaux et des colonies de vacances ou des écoles de plein air. Cet aérium aurait fermé définitivement ses portes en 1995.

© Photo @robbin_urbx

Château Cavalier

Il fut érigé du XIVe siècle au XIXe siècle. Une famille furent les propriétaires de ces lieux, dont un certain maréchal qui fut décapité pour avoir conspiré contre Henri IV après l’avoir servi. En 1959, le château est vendu puis par la suite transformé en hôpital. Depuis 1990, le château est la propriété d’un britannique qui le délaisse progressivement, jusqu’à le laisser finalement à l’abandon.

© Photo @robbin_urbx

Château Colonel

Le chef militaire assyrien (ancienne région du nord de la Mésopotamie), que nous appellerons ici A.P, a été le plus célèbre propriétaire du château colonel. C’est pendant la Première Guerre mondiale, qu’il est contacté par les Alliés et se voit attribuer en 1916, après le déclenchement du génocide assyrien, le commandement de l’aile gauche de l’armée des « Volontaires Assyriens ». Après de nombreux combats victorieux, A.P est décrété en exil par les autorités britanniques. C’est là qu’il contacte la Croix-Rouge pour faire part d’un projet d’établir un village de réfugiés assyrien sur les terres d’un château français alors en vente. A.P achète le fameux château Colonel et prend alors possession des lieux avec sa famille, accompagné de quelques compatriotes.

Même si A.P et sa famille ont été menacé d’expulsion du château à cause de conflits assyriens, A.P y a vécu jusqu’à sa mort. Il est décédé en France, le 2 février 1932, d’une attaque cérébrale à la gare de Toulouse.

Aujourd’hui, la propriété est toujours gardée et surveillée ce qui restreint son accès, mais reste une perle rare dans le monde de l’urbex de part son ambiance et son décor d’époque.

© Photo @robbin_urbx

Château Cactus

Le domaine quasi à l’abandon est en proie aux voleurs et dégradeurs.

L’affaire de cette chute aux enfers a débuté lors du passage du franc à l’euro, quand l’expert-comptable de la propriétaire a confondu les deux devises lors de la déclaration de ses revenus, ce qui entraîna une déclaration six fois supérieure à la réalité. Ce fut un cortège de poursuites, de procès pour redressement judiciaire, jusqu’à la liquidation. En quelques mois, la propriétaire a reçu plusieurs visites nocturnes. Des phares de voitures ou de camionnettes qui éclairent le sentier menant au château, des bruits de portes que l’on enfonce…

 «J’ai aperçu plusieurs hommes, j’en ai même vu lors du second cambriolage emporter une statut, un buste de bois doré, l’archevêque, une sculpture du XVIIe», se désole-t-elle. Dans l’ancienne demeure, des miroirs, des lustres, des tableaux, des meubles ont disparu. Les sols sont jonchés de divers objets insignifiants, de papiers, de linge… jugés sans intérêt pas les voleurs.

Ecole Saint Benoit 

Ancienne abbaye de Bénédictines du Coeur immaculé de Marie et fondée par l’Abbaye Saint-Joseph de La Rochette, elle fût endroit de recueil pour les moines de 1864 à 1952.

Transformée ensuite en École Saint-Benoît, elle fut dirigée par André Emanuel de 1975 jusqu’à sa fermeture en 1989. La famille d’André Emanuel souhaite aujourd’hui racheter les locaux pour en faire un centre spirituel mais par faute de moyens, ils n’ont jamais eu la possibilité d’acquérir l’école. Le lieu est très délabré voir dangereux à l’exploration mais il dégage une ambiance particulière et sinistre dans ce décor de pensionnat.

Interview

Nous avons interviewé un passionné de l’urbex afin d’avoir sa vision de la discipline.

@robbin_urbx

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