Le minimalisme

Simplicité et complexité, une dualité aussi inséparable qu’opposable à l’instar du bien et du mal ou du noir et du blanc. Quand on parle de minimalisme on y associe très souvent une notion de simplicité. Mais une simplicité de quoi ? Une simplicité pour quoi ? Si le minimalisme renvoie une image de réduction, de contrainte et de limite, il y a en réalité une face cachée bien plus vaste et complexe qu’il n’y paraît. Il est simple de surcharger, mais difficile d’alléger. Prônant des valeurs de retour à l’essentialité et d’authenticité, libérant l’esprit du superflu épuisant, il peut malheureusement devenir aussi un inhibiteur d’émotions et de créativité. D’un juste équilibre délicat, le minimalisme est devenu aujourd’hui une tendance incontournable au futur prometteur. Le minimalisme ne brille pas par ses performances techniques mais plutôt par son travail sur l’esprit qui nous force à remettre en question l’intérêt et l’utilité de ce qui nous entoure. Le minimalisme attire, soulage et motive les esprits autant qu’il en repousse, agace et terrifie d’autres ; ce qui est sûr, c’est qu’il ne laisse pas indifférent. Aujourd’hui, ce qui était une philosophie de vie, puis un mouvement d’art, est devenu un principe que s’arrachent les entreprises dans leur quête de modernité et de popularité.

C’est fasciné par le travail graphique de ces grandes entreprises et poussé par mon imagination malheureusement trop souvent bridée par des contraintes techniques que je suis entré dans l’univers du minimalisme. J’ai vu dans le minimalisme un moyen de m’exprimer plus facilement techniquement sans pour autant négliger un important travail de l’esprit. Cette quête de compréhension du minimalisme avait pour finalité de mieux me familiariser avec les valeurs de ce mouvement, puis de partager mon appréhension de celui-ci.

Comment le minimalisme est-il arrivé à intégrer notre quotidien ?

Dans un premier temps, j’ai cherché à définir le minimalisme pour le rendre plus accessible. J’ai pu comprendre que le minimalisme est ce qui se rapproche le plus du rien, du vide, du néant ou de l’inexistant. Il s’en rapproche mais ne franchit jamais cette limite car ce qui est considéré comme le minimum est conservé. Ainsi le minimalisme cherche à ne garder que le stricte nécessaire ou l’essentiel d’un concept, d’une idée ou d’un produit. Il prône un retour à des valeurs pure et dénué de superficiel. Le minimalisme est l’ennemi de la surcharge.

Toutefois, cette définition du minimalisme reste encore un peu floue, c’est pourquoi il était important de faire un retour en arrière dans son histoire. La première partie du mémoire cherche donc à remonter aux origines du minimalisme : comment celui-ci, à travers l’histoire de l’art, a fini par prendre forme comme courant artistique ? Si nous pouvons  trouver des traces de philosophie minimaliste des millénaires avant notre ère, je me suis concentré sur ses origines plus récentes qui commencent avec l’impressionnisme au XIXe siècle. A travers l’impressionnisme, puis le fauvisme et le cubisme, le sujet, les formes et les couleurs ont radicalement évolué jusqu’à arriver à ce qu’on appelle l’abstraction. C’est dans ce mouvement artistique qu’un artiste nommé Kasimir Malevitch explore un concept d’épuration de l’œuvre jusqu’à ses limites extrême donnant alors le nom de mouvement suprématiste. Son travail inspirera bien d’autres artistes qui développeront alors le concept de monochromie tandis que d’un autre côté le minimalisme fait ses preuves dans l’architecture et le design à l’école du Bauhaus. Une école en avance sur son temps qui lui vaudra d’être considéré comme un courant artistique à part entière. Les fondations de l’art minimal sont progressivement posées pour lui permettre de se faire un nom concret en 1960. Si le mouvement ne dure qu’un temps, ses valeurs, elles, perdurent toujours.

En effet, c’est pour cette raison que, dans la deuxième partie du mémoire, je me suis intéressé aux différentes formes que prend le minimalisme dans l’art visuel contemporain. C’est dans la peinture, la sculpture, l’architecture, le design, l’UI / UX design et bien d’autres, que le minimalisme est présent. Nous pouvons reconnaître ce style à travers des formes toujours épurées, des matériaux bruts, un questionnement permanent sur l’utilité des choses. Le minimalisme se révèle alors être d’une importance capitale pour les enjeux d’aujourd’hui : l’économie des ressources. En effet, la réduction de la consommation des ressources et n’utiliser que les stricts nécessaires permettraient d’envisager un futur plus serein et éco-responsable. Si cela pourrait être son plus grand point fort, le minimalisme poussé à l’extrême en est tout le contraire. D’un côté, les minimalistes de l’extrême jettent tout objet qu’ils peuvent racheter facilement afin de ne pas accumuler mais favorise donc la consommation permanente, de l’autre, le minimalisme aseptise le quotidien et le vide de toutes émotions. Si le minimalisme n’est pas parfait, c’est grâce à un juste équilibre de son utilisation qu’il peut se sublimer et être bénéfique sur tous les plans de son existence.

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