Transhumanisme : un corps sur-mesure pour un Homo Sapiens 2.0

Le transhumanisme, un mouvement entre science et technologie

Le corps humain, fruit de milliers d’années d’évolution, est en passe de devenir obsolète. C’est l’idée partagée par les transhumanistes, ceux qui affirment que la machine humaine n’évolue plus biologiquement mais dont la technologie et la science prendraient le relais.

En effet, le transhumanisme est défini comme l’augmentation des capacités physique et mentale de l’être humain, grâce à la technique et à la convergence des technologies NBIC (nanotechnologie, biotechnologie, informatique, sciences cognitives). Ce concept, qualifié parfois de mouvement intellectuel, culturel ou même philosophique, vise à améliorer les conditions de vie de l’humain pour supprimer la maladie, le vieillissement et même la mort.

L’humain, déjà un cyborg

La volonté de l’être humain de s’affranchir de la nature pour prendre le contrôle de son corps ne date pas d’hier, que ce soit via les modifications corporelles comme le tatouage, la chirurgie esthétique ou bien via le contrôle de la reproduction avec la contraception ou la procréation médicalement assistée.

Dans un premier temps, le transhumanisme s’attache à « réparer » le corps des personnes handicapées ou malades. Bras artificiel, pacemaker, cœur artificiel et implant cochléaire sont autant d’exemples de prothèses que l’on peut citer et qui remplacent un membre du corps ou un organe déficient/manquant. À l’avenir – et c’est le souhait transhumaniste – elles pourraient être ouvertes à tous : on ne serait plus seulement dans une réparation du corps mais dans une augmentation.

Le cyborg, sorti tout droit de science-fiction, pourrait bien devenir réalité en laissant place à une nouvelle génération d’êtres humains aux capacités physiques et cognitives démultipliées. Imaginez avoir une vue d’aigle ou la force d’un gorille !

Une nouvelle ère de l’humanité pour un futur pas si lointain

Dans le futur, l’humain pourrait s’affranchir de sa condition biologique grâce à l’ingénierie génétique et la nanomédecine. Il sera possible de supprimer de manière ciblée les cellules cancéreuses, ou bien changer la structure de notre ADN grâce à la technologie CRISPR/Cas9. Elle s’apparente à des « ciseaux génétiques » et permet de modifier de façon précise le génome en ciblant le gène en cause et en considérant à terme de le remplacer ou de le supprimer.

Si cette technologie est révolutionnaire, pas question encore de l’utiliser sur des embryons humains tant elle pose des questions éthiques. Mais on ne peut s’empêcher d’imaginer que dans un futur proche, il deviendra courant de modifier le patrimoine génétique de nos enfants. Peut-être que d’ici 100 ans, toute une génération d’êtres humains aura été génétiquement modifiée pour être plus intelligente, plus performante, vivre plus longtemps.

Quant au recul de la mort, les avancées scientifiques sont prometteuses. L’utilisation de cellules souches pourrait nous procurer une “cure de jouvence”. Les nanorobots qui parcourent notre corps pourraient cibler de manière précise nos molécules et gènes défectueux et les remplacer. Plus fou encore, on pourrait recréer artificiellement des cellules de notre corps en laboratoire, de quoi devenir éternellement réparable.

Mais avant que la science nous rende immortels, le métavers pourrait bien devenir notre nouveau paradis. En effet, ces mondes virtuels dans lesquels on intègre un avatar et dont les possibilités sont infinies, pourraient nous accueillir après notre mort afin de faire vivre notre âme pour toujours, sans la contrainte du corps. Il suffirait simplement de faire une sauvegarde de notre cerveau et de nous réincarner virtuellement.

Conflit entre bioconservateurs et transhumanistes

Avec cette évolution anatomique du corps humain va apparaître une collision entre ceux qui acceptent l’état biologique et évolutif du corps et ceux qui le voient comme une formidable machine dont les pièces sont interchangeables, réparables.

Dans la vision judéo-chrétienne, c’est Dieu qui façonne le corps, il est donc sacré. Le transhumanisme supprimerait l’essence même de l’humanité : une humanité pleine d’imperfections, mais c’est ce qui fait sa beauté.

Pour les transhumanistes, les biotechnologies apportent une formidable occasion de rétablir une égalité entre tous les humains. On pourrait prétendre à une vie plus longue, avec moins de souffrances, de maladies et de handicaps.

Cependant, l’humain augmenté ne sera pas seulement réparé, il aura des potentialités nouvelles voire hors du commun. Cela pourrait créer un écart discriminant entre les humains augmentés et les “originels”, ceux qui ne le sont pas (par manque de moyen financier, par envie de rester “naturel” ou par conviction religieuse).

Le transhumanisme pourrait aussi creuser le clivage déjà existant entre les plus fortunés et les moins fortunés. Peut-être que dans un premier temps, toutes ces formidables avancées promises par le mouvement transhumaniste ne seraient disponibles qu’à une petite partie de la population.

Une chose est sûre, à l’avenir, il existera un vrai conflit entre bioprogressiste et bioconservateur et les débats moraux persisteront.

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