Données personnelles et sensibilisation
Dans notre monde interconnecté, les données numériques occupent une place de plus en plus importante. Dans ces données, qui transitent en continu, se trouvent les données à caractère personnel, couramment appelées données personnelles. Ces informations relatives à une personne physique sont le terreau d’une nouvelle économie, provoquant des enjeux éthiques, sociaux et individuels. Le sujet des données personnelles est complexe car il touche à un ensemble d’éléments : vie quotidienne, consommation, économie, sécurité et liberté. En réalité, que ce soit moi ou le reste des internautes, nous avons conscience de divulguer nos informations personnelles sur Internet, mais nous restons démunis face à la grandeur du phénomène. Je suis une digital native : je suis née avec Internet. Ce n’est qu’ après plus de quinze ans d’utilisation que je me suis sentie bafouée d’avoir participé à ce système sans le savoir, sans le conscientiser, sans l’avoir consenti.
Depuis des décennies, la narration et l’immersion sont au cœur des réflexions dans le domaine des arts et du marketing, puisque ce sont des moyens de toucher un public. Rendre visible et impacter est pour moi le principe clé de la communication visuelle, qui est un aspect primordial de mon métier. Paradoxalement, c’est grâce à des outils comme la récolte de données que nos métiers de communicants peuvent être aussi performants. Alors pourquoi ne pas les utiliser comme arme ? Ainsi, on peut se demander :
“En quoi une narration transmédia ultra-personnalisée peut-elle être un outil de sensibilisation sur la récolte des données personnelles ?”
Ultra-personnalisation : l’arme à double tranchant
L’ultra-personnalisation permet, comme son nom l’indique, de créer des contenus ultra ciblés et personnalisés à l’échelle d’un individu. Cet outil ou moyen est intrinsèquement lié à la récolte des données personnelles car on ne pourrait pas produire un contenu ultra-personnalisé sans avoir connaissance des données de la personne. Cela permet de créer une relation quasi unique entre la marque et le consommateur. On a pu voir que cette utilisation est très efficace dans l’influence des comportements, car elle pénètre l’intime : les sociétés savent avant nous ce que l’on voudrait consommer. Ainsi nous rentrons dans un tunnel de recommandations, améliorant notre expérience utilisateur en évitant de nous laisser face à des choix, les décisions sont prises pour nous. Cet outil est donc terriblement immersif voire enfermant, même s’il offre du confort en surface. L’ultra-personnalisation est donc inspirante pour faire vivre des expériences uniques, voire troublantes lorsque ses ficelles sont révélées aux utilisateurs.
Utilisateurs immergés et narrations transmédias
Nous savons maintenant que l’humain est sensible aux histoires, et que l’immersion a un réel intérêt pour emporter d’un point A à un point B un utilisateur. Notre ère d’Internet a laissé éclore des formes de narrations diversifiées, utilisant le digital pour diversifier les émotions (audio-visuel, communautés etc). La narration transmédia, comme les Alternate Reality Games (ARG) ont des potentiels d’immersion immenses grâce à leurs histoires racinaires, qui demandent à l’utilisateur de prendre possession de l’histoire et d’en faire partie intégrante. Ces modes de narration ont des impacts variés et significatifs sur les émotions : ces dernières sont primordiales pour impacter la mémoire. La sensibilisation fonctionne en grande partie sur des ressors émotionnels, il est donc primordial d’impacter l’utilisateur. Faire vivre une expérience de narration immersive où l’utilisateur est au cœur de l’histoire, lui permettrait de mieux conscientiser ce qu’il vit, ou tout du moins d’être engagé émotionnellement.
Le but du projet sera donc de créer une expérience de jeu immersif et unique pour chaque utilisateur. L’expérience sera unique car l’histoire sera nourrie des données personnelles du participant, pour le mettre face aux traces qu’il laisse sur Internet. Cela permettra de questionner son soi numérique, mais aussi d’enfin rendre palpable les données de manière concrète. Créer une narration transmédia comme un jeu de piste permettra de garder l’attention de l’utilisateur en l’immergeant, pour que l’impact final soit efficace. La sensibilisation prendra effet grâce à l’ascenseur émotionnel que suscitera le jeu, afin que l’utilisateur ancre dans sa tête les enjeux de la récolte de données.