Pour tout un chacun, la construction personnelle se fait grâce à la mémoire, qu’elle soit individuelle ou collective. Les individus et les groupes puisent dans des expériences personnelles partagées et des connaissances transmises de génération en génération dans différents domaines : l’art, l’histoire, le langage, l’art, l’identité, la famille…
L’archivage, une source de documentation rigoureuse souvent sous-estimée, est un acteur majeur dans la construction de cette mémoire. Les archives témoignent du passé. Elles apportent la preuve, l’explication et la justification à la fois des actions passées et des décisions actuelles. Les archives permettent à la société de jouer toute une gamme de rôles, et aux communautés civilisées de s’enraciner et de se développer, en favorisant la recherche et l’éducation, en offrant des sources de loisir, mais aussi en protégeant les droits de l’homme et en affermissant les identités.
C’est autour de cet objectif fédérateur et humaniste que les différentes formes d’archives se sont construites ; tentant d’identifier, de conserver et de partager les biens, données et connaissances de notre histoire.
Cependant, l’installation progressive de l’informatique en occident au XXème siècle chamboula profondément les moeurs et coutumes de notre société, le matériel est soudainement devenu immatériel. Les avancées technologiques et l’arrivée de la production massive en tout genre du capitalisme ont rendu le quotidien de notre existence de plus en plus opulent, rapide et éphémère.
Au coeur de cette révolution en constante évolution depuis ces dernières décennies, l’archivage doit s’adapter pour suivre la cadence. Il doit se réinventer pour utiliser ces nouveaux outils numériques à son avantage afin de servir ses objectifs. Ce n’est qu’en garantissant l’identification, la conservation et une large ouverture que le rôle vital des archives peut être pleinement mis en oeuvre au bénéfice de l’humanité.
C’est en prenant en compte ces défis auxquels l’archivage, et par conséquent notre héritage collectif, fait actuellement face, que nous pouvons nous demander : à l’ère du numérique, de l’éphémère et du surplus, comment rendre l’archivage plus durable pour un héritage culturel plus accessible ?
Au cours du XXIe siècle, la digitalisation de notre société et les nouveaux modes de consommation qui en ont découlé ont entraîné une évolution dans les techniques de création de contenu et de leurs moyens d’archivage. Cependant, la transition numérique a affaibli la durabilité des supports de conservation, et donc des connaissances qui y sont inscrites. La démocratisation d’internet a engendré une hausse sans précédent de création de contenus éphémères ainsi que la multiplication de la diffusion de fausses informations, faisant émerger de nouveaux problèmes en matière d’archivage des connaissances et donc de l’installation d’une histoire commune sur le long terme. Malgré les avantages en termes d’accessibilité que proposent les outils numériques, ils nous ont conduit à nous questionner sur la durée et l’intelligibilité de nos connaissances ; les générations futures seront-elles en capacité d’interpréter notre héritage numérisé ?
En somme, il est possible d’affirmer que nous devons prendre des mesures pour adapter notre approche à l’ère du numérique et anticiper les défis à venir pour assurer la conservation à long terme de notre héritage culturel. Les nouvelles technologies doivent être utilisées pour soutenir les recherchent et les archives, plutôt que d’être considérées comme une menace. Il est important de prendre en compte ces enjeux lors de la préservation et de la communication de nos archives aux générations futures, afin de garantir que notre savoir et notre histoire soient transmis de manière cohérente, compréhensible et accessible.