Questionnement : Comment l’individu dans un couple gémellaire se construit-il lorsque le physique permet de se confondre ?
“Il était une fois deux frères jumeaux, Jean et Paul. Ils étaient si semblables et si unis qu’on l’appelait Jean-Paul”
Le rôle du corps dans la construction de l’identité des individus dans un couple gémellaire
Les jumeaux, un thème qui traverse les âges qui ne cessent d’être représentés dans une société actuelle où l’individu est en quête d’identité, la gémellité questionne également la singularité.
Le lien est étroit entre la recherche de l’identité de l’individu et de son corps. Le corps est ce qui nous met en lien avec le monde, l’espace et les autres, c’est ce que les autres perçoivent de nous. D’un point de vue biologique 99,9% des informations contenues dans notre ADN sont communs à tout être humain, cependant chez les jumeaux Monozygotes, le 0,1% qui fait nos différences est identique. Malgré leur patrimoine génétique identique, une différence vient s’ajouter à leur ADN, nous la nommons l’Épigénétique. Selon le milieu de vie, l’état émotionnel, l’environnement etc.. des couches d’informations supplémentaires viennent s’ajouter à notre ADN. L’expérience, le mode de vie de l’individu du couple gémellaire amène donc des différences qui se feront de plus en plus perceptible. Il est également important de notifier que le corps n’est pas que l’objet d’une science mais qu’il se mouvoit également. Il a son histoire, ses perceptions qui lui sont uniques. Chaque individu du couple gémellaire vit et perçoit donc des informations différentes. Cependant, ça n’a pas été à l’origine le cas. Dans le développement psychique, l’individu rencontre plusieurs stades. Chez les jumeaux, des complications peuvent être rencontrées notamment à cause de leurs corps semblables qui retarderait l’acquisition d’une image de soi et de son corps distinctes de celle de son jumeaux. Dans ces stades de développement, pour acquérir une individuation, l’individu doit en passer par une double séparation, un avec sa mère, la seconde avec son jumeau. Cette dernière peut être quelque chose de très naturel lorsque l’environnement, les autres favorisent une éducation répondant aux normes de différenciation. Mais à l’inverse, la séparation peut être incomplète quand l’éducation favorise l’union gémellaire, le semblable et non le différent.
Fascination et questionnement du double
Malgré la perception intra gémellaire différente que portent les individus du couple gémellaire l’un sur l’autre, c’est le regard des autres qui les confond. L’identité se construit donc aussi en lien avec les autres. Nombreuses représentations existent sur les jumeaux, autant de croyances, de mythes que de mystères scientifiques. Celles s’y affirment une image sociale des jumeaux vus comme un double, une unicité, l’un ne fonctionnerait pas sans l’autre. Elles constituent une approche du monde, de l’espace social, hors l’individu se développe dans une société, elles sont donc importantes dans le développement psychique des individus. C’est en cela que les jumeaux questionnent et fascinent. L’autre, étant notre premier miroir, nous nous construisons face à lui. Les réactions, questionnements et images qui les entourent façonnent donc l’image qu’ils se font d’eux même. Nous pouvons en conclure que l’image de soi qu’ont les individus du couple gémellaire est quelque chose d’instable et de fragile. Si les conditions de différenciation s’opèrent dans toute l’enfance, alors l’individuation et la séparation face aux jumeaux sera nettement plus importante. Il donc nécessaire pour passer du double au couple d’en passer par la différenciation. Pour ainsi développer un double mental qui soit propre à l’individu, sa propre image de soi.
Les jumeaux fascinent donc parce qu’il représente le fait de pouvoir toujours être deux et ainsi échapper à la solitude. Cependant elle « révulse » car elle rappelle la finitude de l’homme et son nécessaire lien aux autres.
Dialogue dans le paradoxe des jumeaux :
Laurence Pernoud : Mais ils n’empêche qui si les jumeaux nous fascinent c’est parce qu’ils se ressemblent au point qu’on les confond.
René Zazzo : Oui. Ils ont les mêmes yeux, la même couleur de cheveux, la même apparence physique. Il nous arrive de les confondre et, en retour, cette ressemblance nous confond.”
